Lien entre les maladies parodontales et Alzheimer : une réalité
Le docteur Michaël Lumbroso, chirurgien-dentiste à Versailles, revient sur la causalité entre les maladies parodontales et la maladie d’Alzheimer, et sur les traitements adaptés pour prévenir la parodontite.
Nous savons depuis plusieurs années que les maladies parodontales et buccodentaires ont une réelle incidence sur la santé générale d’un patient : troubles cardio-vasculaires, diabète, risques d’accouchement prématuré, déséquilibre alimentaire, polyarthrite rhumatoïde, voire certains cancers…
Toutefois, une étude menée en 2013 par des chercheurs de l’Université du Lancashire au Royaume-Uni a permis d’établir un lien entre les maladies parodontales et la maladie d’Alzheimer.
Pour mettre en évidence cette corrélation, ces chercheurs ont étudié les cerveaux de 20 patients dans les douze heures suivant leurs décès. Parmi ces patients, dix étaient atteints de la maladie d’Alzheimer.
Dans 4 cas sur 10, les scientifiques ont décelé la présence de Porphyromonas gingivalis, une bactérie clairement identifiée comme responsable des lésions parodontales avancées. Les gènes contenus dans la bactérie Porphyromonas gingivalis modifient le processus d’autophagie au niveau des cellules nerveuses, bloquant ainsi le mécanisme naturel de régénération des cellules.
C’est la première fois que le lien entre un marqueur sérologique de parodontite et des troubles cognitifs est ainsi établi.
Cependant, d’autres études menées auparavant aux Etats-Unis ont permis de mettre en évidence le lien entre les inflammations gingivales et l’augmentation du risque de déclin cognitif sur un patient âgé.
Prévenir les maladies parodontales
Saviez-vous que les maladies parodontales touchent près de huit adultes sur dix ?
Douleurs dentaires, déchaussements voire pertes des dents, conséquences psychologiques, sans parler des différentes maladies et pathologies que nous avons énumérées ci-dessus…les conséquences sont nombreuses et potentiellement graves pour les personnes atteintes d’une parodontite.
Malgré cette réalité alarmante, cette pathologie n’est pas une fatalité et il est tout à fois possible de la traiter avec des moyens adaptés, à condition de mettre la prévention à l’honneur et de suivre un traitement efficace.
Une bonne hygiène dentaire est à la base de la protection des gencives. Celle-ci consiste en un brossage deux à trois fois par jour pendant trois minutes. Il est recommandé d’avoir recours à une brosse à dents à poil souple pour ne pas blesser les gencives.
Un détartrage tous les six mois ou une fois par an permettra de réduire la formation de la plaque dentaire et de prévenir la gingivite. Ce traitement mécanique pourra être complété par une pulvérisation de bicarbonate et de sels et d’un polissage des dents atteintes.
Lorsque le patient atteint le stade de la parodontite, le dentiste aura recours à des techniques plus agressives reposant sur un traitement chimique à base d’antiseptiques et de l’application d’une pâte à base de bicarbonate et d’eau oxygénée que le patient utilisera dès le début du traitement.
Le praticien aura ensuite recours au surfaçage radiculaire, une intervention au niveau des racines qui permet d’éliminer le tartre profond dans les poches parodontales et de permettre aux dents atteintes de ré-adhérer à la gencive.
Le suivi post-traitement repose sur la maîtrise des risques infectieux. Il faut en effet savoir qu’une gingivite se soigne, tandis qu’une parodontite, stade autrement plus sérieux de la maladie parodontale, ne peut qu’être « stabilisée ». Pour compléter un surfaçage radiculaire, le patient pourra employer des bains de bouche antiseptiques voire des antibiotiques en fonction des conseils de son dentiste.
En conclusion, il ne faut pas négliger les maladies parodontales et leur impact sur la santé générale. D’où l’importance de la prévention, qui passe par une hygiène dentaire rigoureuse et un suivi régulier par votre dentiste.
Dr Michaël LUMBROSO
Implantologue – Parodontologue – Chirurgien-Dentiste à Versailles